Virginia Woolf

1882 – 1941

 

Le choc est terrible. Les larmes sèchent encore. Elle se retient pour ne pas incliner la tête. Elle a 22 ans et son père vient de mourir. Sa mère est morte depuis deux ans déjà. Nous sommes en 1904 et Virginia Woolf est projetée seule dans la vie de Londres au début du XXème siècle. 

 

Tout l’effraie dans la société anglaise née de la grande reine Victoria. L’Angleterre est imprégnée du romantisme qu’elle a créé un siècle plus tôt. Mais ce monde est corseté. Oscar Wilde a ouvert les brèches que Virginia Woolf empreinte. Elle souffre et tombe en dépression. 

 

Le regard de Virginia échappe au peintre. Mais il saisit l’allure volontaire, le menton déterminé, le trait simple comme autant de reflets d’un esprit libre. Ils annoncent le grand écrivain. Ils parlent de son amour de la vie.

 

La vie de Virginia Woolf sera comme une résistance discrète et volontaire au mal secret qui finira par l’engloutir. Son mari, son amante, ses amis écrivains, sont, avec son enfance, la source de son écriture. Son amante Vita Sackville-West sera son  modèle pour créer Orlando, une biographie fantastique qui est comme « la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature » ainsi que l’exprime lui-même le fils du modèle.

 

Mais cette vie est impossible. L’appel du vide est plus fort. Virginia veut s’évader et se suicide en 1941. Elle emplit son vêtement de pierres et se jette à l’eau. La pesanteur l’emporte à jamais, la libérant d’un monde trop étroit et trop inquiétant pour elle. Elle peut se laisser aller dans la grande et mystérieuse mer bleue qui ne lui a laissé, sa vie durant, que le visage hors de l’eau.

 

Texte Paul H. Barre