1907 - 1954
C’est un « fils de pute ». André Breton, chef de file du surréalisme, a dû apprécier ce juron de Frida Kahlo. Il la voyait « comme un ruban autour d’une bombe ». Il ne se trompait pas.
Sur ce visage, sur ce portrait au sourire triste, on a l’image de toute une vie.
Le visage d’une artiste si indépendante qu’aucun des événements pourtant si graves de sa vie ne pourra l’éloigner de sa volonté de créer, de peindre, de s’imposer.
Un corps camouflé qui cache ses blessures, ses accidents. Elle le dévoilera dans ses autoportraits peints comme avec son propre sang.
Une femme libre, épouse de Diego Rivera, un révolutionnaire, monument de la peinture mexicaine. Il était « son amant, et son frère, et son ami, son fiancé et sa mère ». Lui multipliera les conquêtes, elle aura des amants, hommes et femmes.
Elle était révolutionnaire, oiseau de proie déguisé en colombe, qui se laissera séduire par un autre révolutionnaire, Léon Trotsky. C’est l’hommage charnel que rend un corps blessé au fondateur de la quatrième internationale, devenu réfugié mexicain. Trotsky sera assassiné dans la maison de son ami Diego en août 1940.
Dans ce portrait, des plans multiples se croisent, habillés des couleurs chaudes du Mexique, d’ombres et de lumières. Ils forment les axes d’une vie de souffrance et de combats. Debout, droite, le regard amusé, dédaigneuse et inquiète, à la croisée de ses vies, Frida Kahlo observe les hommes, comme elle peint ses tableaux, en camouflant sa souffrance.
Texte Paul H. Barre