Marilyn Monroe

1926 - 1962

 

 L’actrice a maintenant laissé la place à la femme, les lumières sont éteintes. C’est l’instant choisi par le peintre pour saisir l’autre Marilyn, celle que les caméras ne 

pouvaient ou ne voulaient voir.

 

Elle est seule, prisonnière d’un corps et d’un visage à la beauté émouvante. Mais le désespoir s’est installé. Elle est seule avec elle même. Tellement seule. Les mains sont jointes et la bouche entrouverte cherche son souffle. Ses yeux sont cernés des larmes que les lumières de la scène n’avaient jamais laissé voir.

 

Le visage cinématographique de Marilyn laisse à ceux qui le regardent une profonde empreinte de joie et d’amour de la vie. Elle utilise sa gaieté contagieuse jusqu’à l’excès dans les nombreux films qui la rendent célèbre. Comment ne pas aimer ce sourire offert au monde comme un présent joyeux. 

Un sourire complice, enjôleur, qui touche le cœur par sa simplicité. C’est une actrice et elle joue avec ce corps jusqu’à en être prisonnière et comme séduite par son propre jeu. Les compliments reçus pour son visage, son corps et son talent d’actrice, finissent de former l’obstacle infranchissable qui ne laisse pas pénétrer l’amour.

 

Les hommes l’ont-ils aimée ? Ils n’aimaient sans doute qu’eux même en la regardant assise à côté d’eux. Autant de grâce et de féminité, quel bel ornement.

 

La beauté devient sa prison. Ses gardiens sont ces hommes qui l’ont voulue pour eux. 

Le champion de baseball Joe DiMaggio, le dramaturge Arthur Miller, ceux qui l’ont prise et ceux à qui elle s’est donnée, Yves Montand, John Fitzgerald Kennedy, et d’autres encore. Tous, en croyant la gagner, la perdent un peu plus.

 

Marilyn lâche prise. L’alcool remplace l’œil de la caméra pour prolonger l’illusion d’être aimée.

 

L’actrice à la gaieté si séduisante laisse la place à la femme à la beauté si triste qui ne sait plus jouer la comédie. Marilyn nous échappe définitivement et notre regard devient pudique pour s’attacher enfin à cet être fragile à qui un de ses ex mari, Joe DiMaggio, dira trois fois « je t’aime » avant que ne soit refermé son cercueil. Dans la mort, elle se laisse finalement aimer et ces mots d’amour qui glissaient doucement sur son visage lumineux peuvent maintenant s’arrêter et la prendre. 

 

Texte Paul H. Barre