Mata Hari

1876 – 1917

 

Margaretha ne séduit plus, cette fois son charme légendaire n’a plus d’effet sur cet homme, ce capitaine français Bouchardon. 

Entre ces murs glacials, d’un mois d’octobre 1917, la grande Mata Hari, sent le piège se refermer implacablement sur elle. Cette fois ci plus personne ne viendra lui proposer de rôle, à trop jouer elle s’y est perdue.

 

Les masques de l’espionne tombent, laissant paraître la femme impuissante, n’ayant servi finalement que les enjeux politiques des hommes de pouvoir.

Il ne lui reste que quelques vieux attributs de sa vie passée et de son regard plein de fierté, elle fixe les dernières lueurs du soleil couchant. Cette hollandaise de sang, se demande quels hommes de ces nations en guerre prendront le risque d’intervenir pour la sauver. 

Son pouvoir de séduction, ne lui a t’il pas permis de passer de bras en bras, de l’île de Java à Paris, de la France à l’Allemagne, de l’Espagne à la Hollande.

Son esprit affolé tente de recoller les morceaux de sa vie. 

Pour échapper à la vie pauvre que la faillite de son père lui prédestinait, elle s’enfuira, mariée à un jeune officier, sur l’ile de Java.  Elle s’initiera à la danse orientale, et prendra le nom de Mata Hari, signifiant le soleil. 

À la mort de son mari et de son fils, elle quittera l’ile de Java, trop pesante pour reprendre sa liberté.

 

À Paris, ses succès de danseuse lui assuraient de bons revenus, sans l’arrivée des ballets russes, sa vie aurait été tout autre. À la déclaration de la guerre se retrouvant à Berlin dans une situation précaire, elle n’a pas d’autre choix que d’accepter la proposition d’un officier, devenir espionne pour l’Allemagne. Une nécessité de survie, pour une femme seule, éprise de liberté absolue, sous la prise d’un pouvoir essentiellement masculin.

D’agent à agent double, Mata Hari va faire le pas. Trop inconsciente, trop inexpérimentée, trop amoureuse, trop libre et dépassée par les évènements, elle sera utilisée dans les camps opposés.  

Ce jeune officier russe, Vadim Masloff, qu’elle a aimé autrefois, viendra t’il sauvé l’agent H21. 

En lui, elle retrouvait son fils disparu.

Elle ne peut détacher son regard du vide, enfermée dans cette forteresse de Vincennes, personne ne viendra. 

 

Elle comprend qu’elle a été manipulé, était-elle vraiment un agent double pour ces 

nations, la puissance du pouvoir face à sa naïveté a malheureusement eu gain de cause. 

Si seulement ce télégramme du major Kalle n’avait pas été intercepté par les français…mais peu importe d’où vient la trahison, elle ne peut plus changer son destin. 

Perdue dans ses pensées, Mata Hari  n’est pas une espionne bien dangereuse, mais le  gouvernement français l’a déjà condamné à mort… pour l’exemple.

 

Texte Laurence Fossati