Marie Curie

1867 - 1934

 

Qu’importe les médisances. Qu’importent les esprits étroits ou xénophobes, qu’importent les calomniateurs qui la poursuivent pour une liaison supposée avec le ministre Paul Langevin. 

Marie Curie est veuve depuis 5 ans et son génie féminin heurte les hommes du début de ce siècle si peu enclins à partager leur domination masculine.

 

Marie a le regard triste des mesquineries dont la France de l’affaire Dreyfus a le secret. Marie regarde au delà, regard d’une femme qui a reçu le prix Nobel pour ses découvertes récentes. Marie a le regard déterminé, prête à poursuivre seule ses travaux scientifiques, sans son mari Pierre mort trop vite. Elle est attaquée de toute part. « La polonaise » doit s’en retourner chez elle !

 

Marie Curie-Sklodowska est passion obstinée. Son regard cherche encore, émerveillé, l’énigme du temps et de la force qui transforment le Radium et le Polonium. Son visage volontaire nous le confirme : son affrontement avec la matière sera gagnant et un jour, nous saurons. Fidèle d’Auguste Comte, elle ne doute pas. Elle va recevoir dans quelques jours un second prix Nobel, en chimie cette fois, et l’aigle fera taire les caquètements de la basse-cour.

 

Marie n’appartient pas à ce monde. Proche  d’Henri Bécquerel, de Max Planck, d’Albert Einstein, elle partage avec eux l’univers des explorateurs de la science qui, on le dit alors, doit venir à bout de toutes les questions de ce monde. Leur regard puissant ne pourra être arrêté. Ils ne veulent rien ne laisser échapper. Tout est lié au temps qui passe. 

 

Et Marie poursuivra jusqu’à la fin. Elle se consumera, brulée au contact de ces étranges cailloux qui vont être bientôt source d’énergie, vont changer la guerre, créer le monde de Hiroshima et de la médecine radiologique. Dans ce monde d’hommes, l’exilée Marie Curie opposera sa farouche volonté pour franchir les obstacles qui sont l’habituelle rançon des vivants qui découvrent de nouveaux modèles en refusant de se laisser emporter par le courant.  

 

Ces cailloux qui l’ont tant fascinée finiront par l’emporter. Atteinte d’une leucémie induite par l’exposition trop répétée aux rayons, la vie la quitte. Nous sommes en 1934.

 

Texte Paul H. Barre